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Cryptomonnaies : prudence, les risques d'abus sont nombreux!

Cryptomonnaies : prudence, les risques d'abus sont nombreux!

Trois rapports ont récemment été publiés, deux au Royaume-Uni et un en France.

Ces rapports sont très intéressants et soulignent intelligemment la prudence dont il faut faire preuve en la matière tant les risques d'abus sont nombreux. En réalité, ces prétendus crypto-actifs ne représentent rien de concret. Le marché est totalement opaque ; il permet tous les abus. Il est d'ores et déjà impossible d'affirmer que certaines crypto-monnaies auraient un cours puisqu’un cours ne peut se former qu'en présence d'un marché régulier et transparent. 

 

Rapports publiés au Royaume-Uni :

HM Treasury, FCA, Bank of England, Cryptoassets Taskforce : final report. Lire ici
House of Commons, Treasury Committee, Crypto-assets, Twenty-Second Report of Session 2017–19. Lire ici

Commentaire

On notera les passages suivants : 

"Functioning currencies are generally understood to serve as a store of value, a medium of exchange and a unit of account. As yet, there are no so-called “cryptocurrencies” that serve all these functions. Well-functioning cryptocurrencies currently exist only as a theoretical concept, and the term “crypto-assets” is more helpful and meaningful in describing Bitcoin, and the many hundreds of other ‘altcoins’ that have emerged over the past decade." (Paragraph 13)

"However, at present—although small scale uses for blockchain may exist—the Committee has not been presented with any evidence to suggest that universal applications of the technology are currently reliably operational". (Paragraph 51)

"Crypto-assets have no inherent value. In the absence of any market fundamentals, their prices fluctuate according to sentiment. This causes far higher volatility than other asset classes, exposing investors to larger potential gains, but correspondingly greater risk of loss. The use of blockchain as a payments system exacerbates these risks, since the exchange rate (vis-à-vis other crypto-assets, or conventional currency) can fluctuate significantly during the time it takes to settle a transaction". (Paragraph 64)

"Owing to their anonymity and absence of regulation, crypto-assets can facilitate the sale and purchase of illicit goods and services, and can be used to launder the proceeds of serious crime and terrorism". (Paragraph 103)

"Crypto-asset markets are particularly vulnerable to manipulation, and they fall outside the scope of market abuse rules. In responding to this Report, the FCA should outline the approach it would take to market manipulation were these markets to fall within its remit." (Paragraph 111)

- les mêmes constatations se trouvent dans le rapport de la Cryptoassets Taskforce où on notera également le passage suivant s'agissant de l'interdiction des dérivés sur crypto actifs à la clientèle de détail :

"5.13 Given concerns identified around consumer protection and market integrity in these markets, the FCA will consult on a prohibition of the sale to retail consumers of all derivatives referencing exchange tokens such as Bitcoin, including CFDs, futures, options and transferable securities." 

 

En France :

Les crypto-monnaies, Rapport au Ministre de l’Économie et des Finances Jean-Pierre Landau avec la collaboration d’Alban Genais, 4 juillet 2018. Lire ici

Commentaire

On notera les passages suivants :

"Les formes de monnaie ont constamment évolué dans l’histoire, sous l’effet de la technologie, des institutions ainsi que des conventions sociales. Néanmoins, toutes les monnaies qui se sont développées et imposées dans les économies capitalistes possédaient l’une ou l’autre – ou plusieurs – des caractéristiques suivantes :
- Soit une valeur intrinsèque (les monnaies et pièces en métal précieux) ;
- Soit une contrepartie sous forme d’actif physique ou financier servant à gager leur valeur. C’est le cas de l’étalon-or. Ce fut également le cas, sous une forme différente, des billets émis aux États-Unis par des banques privées pendant la période de « free banking », et dont la valeur (au demeurant variable) était gagée par les actifs et le capital des banques émettrices ;
- Soit un soutien public, avec cours légal et refinancement par la banque centrale.

Les crypto-monnaies qui circulent aujourd’hui n’ont aucun de ces trois attributs. Ce sont des objets monétaires totalement nouveaux. Pour cette raison, elles sont qualifiées de « virtuelles ». Il faut donc s’interroger, au-delà de leur volatilité actuelle, sur leur viabilité à long terme, tant d’un point de vue technologique qu’au regard de l’expérience monétaire qu’elles incarnent et représentent." (p. 7 et 8)

Et dans les conclusions :

"L’industrie de la gestion d’actifs ne s’est pas encore pleinement engagée dans les crypto monnaies qu’elle observe d’un oeil prudent. Mais les pressions concurrentielles sont vives. Des projets existent, visant à créer des fonds d’investissements dédiés aux crypto-monnaies. Les grandes banques ont créé ou envisagent de créer des « trading desks » spécialisés dans les crypto-monnaies.
C’est donc un moment particulier, où la position des régulateurs aura un impact décisif sur l’évolution des comportements et du système. L’inertie réglementaire pourrait aviver la concurrence sur les marchés et conduire, par défaut, à banaliser et généraliser la place des crypto-monnaies dans le système financier.
Or, il s’agit d’instruments, dont le flux de revenus anticipés est soit nul (pour les crypto-monnaies), soit très incertain (pour les ICO). Ces caractéristiques fondamentales ne justifient pas leur inclusion, directe ou indirecte, dans les portefeuilles des particuliers. Elles n’ont pas vocation à s’insérer dans les portefeuilles à l’exception de ceux des investisseurs informés et dotés d’un appétit élevé pour le risque.
En effet, autoriser ou tolérer une exposition des intermédiaires financiers et des investisseurs institutionnels au risque des crypto-monnaies aurait trois conséquences graves :
- affaiblir la sécurité de l’épargne ;
- permettre un transfert de risque des investisseurs informés vers les particuliers. La détention de crypto-monnaies est aujourd’hui très concentrée entre les mains d’un nombre limité d’investisseurs. L’ouverture à l’épargne institutionnelle créerait une demande nouvelle, accroîtrait (au moins temporairement) la liquidité apparente des marchés et permettrait aux détenteurs actuels de céder, à un prix favorable, leurs avoirs aux nouveaux entrants qui supporteraient désormais le risque d’effondrement des cours ;
-créer un risque général pour la stabilité financière. Une fois reconnues et admises comme supports de placement, les crypto-monnaies serviraient aisément de base pour des montages avec effet de levier et transformation de maturité, créant potentiellement un risque systémique. Tout choc dans l’univers crypto affecterait immédiatement les bilans des intermédiaires financiers avec le risque d’une contagion et d’une amplification à l’ensemble du système." (p. 45)

 

iusNet DB 10.12.2018

Cryptomonnaies : prudence, les risques d'abus sont nombreux!

Documentation
Finance

Cryptomonnaies : prudence, les risques d'abus sont nombreux!

Trois rapports ont récemment été publiés, deux au Royaume-Uni et un en France.

Ces rapports sont très intéressants et soulignent intelligemment la prudence dont il faut faire preuve en la matière tant les risques d'abus sont nombreux. En réalité, ces prétendus crypto-actifs ne représentent rien de concret. Le marché est totalement opaque ; il permet tous les abus. Il est d'ores et déjà impossible d'affirmer que certaines crypto-monnaies auraient un cours puisqu’un cours ne peut se former qu'en présence d'un marché régulier et transparent. 

 

Rapports publiés au Royaume-Uni :

HM Treasury, FCA, Bank of England, Cryptoassets Taskforce : final report. Lire ici
House of Commons, Treasury Committee, Crypto-assets, Twenty-Second Report of Session 2017–19. Lire ici

Commentaire

On notera les passages suivants : 

"Functioning currencies are generally understood to serve as a store of value, a medium of exchange and a unit of account. As yet, there are no so-called “cryptocurrencies” that serve all these functions. Well-functioning cryptocurrencies currently exist only as a theoretical concept, and the term “crypto-assets” is more helpful and meaningful in describing Bitcoin, and the many hundreds of other ‘altcoins’ that have emerged over the past decade." (Paragraph 13)

"However, at present—although small scale uses for blockchain may exist—the Committee has not been presented with any evidence to suggest that universal applications of the technology are currently reliably operational". (Paragraph 51)

"Crypto-assets have no inherent value. In the absence of any market fundamentals, their prices fluctuate according to sentiment. This causes far higher volatility than other asset classes, exposing investors to larger potential gains, but correspondingly greater risk of loss. The use of blockchain as a payments system exacerbates these risks, since the exchange rate (vis-à-vis other crypto-assets, or conventional currency) can fluctuate significantly during the time it takes to settle a transaction". (Paragraph 64)

"Owing to their anonymity and absence of regulation, crypto-assets can facilitate the sale and purchase of illicit goods and services, and can be used to launder the proceeds of serious crime and terrorism". (Paragraph 103)

"Crypto-asset markets are particularly vulnerable to manipulation, and they fall outside the scope of market abuse rules. In responding to this Report, the FCA should outline the approach it would take to market manipulation were these markets to fall within its remit." (Paragraph 111)

- les mêmes constatations se trouvent dans le rapport de la Cryptoassets Taskforce où on notera également le passage suivant s'agissant de l'interdiction des dérivés sur crypto actifs à la clientèle de détail :

"5.13 Given concerns identified around consumer protection and market integrity in these markets, the FCA will consult on a prohibition of the sale to retail consumers of all derivatives referencing exchange tokens such as Bitcoin, including CFDs, futures, options and transferable securities." 

 

En France :

Les crypto-monnaies, Rapport au Ministre de l’Économie et des Finances Jean-Pierre Landau avec la collaboration d’Alban Genais, 4 juillet 2018. Lire ici

Commentaire

On notera les passages suivants :

"Les formes de monnaie ont constamment évolué dans l’histoire, sous l’effet de la technologie, des institutions ainsi que des conventions sociales. Néanmoins, toutes les monnaies qui se sont développées et imposées dans les économies capitalistes possédaient l’une ou l’autre – ou plusieurs – des caractéristiques suivantes :
- Soit une valeur intrinsèque (les monnaies et pièces en métal précieux) ;
- Soit une contrepartie sous forme d’actif physique ou financier servant à gager leur valeur. C’est le cas de l’étalon-or. Ce fut également le cas, sous une forme différente, des billets émis aux États-Unis par des banques privées pendant la période de « free banking », et dont la valeur (au demeurant variable) était gagée par les actifs et le capital des banques émettrices ;
- Soit un soutien public, avec cours légal et refinancement par la banque centrale.

Les crypto-monnaies qui circulent aujourd’hui n’ont aucun de ces trois attributs. Ce sont des objets monétaires totalement nouveaux. Pour cette raison, elles sont qualifiées de « virtuelles ». Il faut donc s’interroger, au-delà de leur volatilité actuelle, sur leur viabilité à long terme, tant d’un point de vue technologique qu’au regard de l’expérience monétaire qu’elles incarnent et représentent." (p. 7 et 8)

Et dans les conclusions :

"L’industrie de la gestion d’actifs ne s’est pas encore pleinement engagée dans les crypto monnaies qu’elle observe d’un oeil prudent. Mais les pressions concurrentielles sont vives. Des projets existent, visant à créer des fonds d’investissements dédiés aux crypto-monnaies. Les grandes banques ont créé ou envisagent de créer des « trading desks » spécialisés dans les crypto-monnaies.
C’est donc un moment particulier, où la position des régulateurs aura un impact décisif sur l’évolution des comportements et du système. L’inertie réglementaire pourrait aviver la concurrence sur les marchés et conduire, par défaut, à banaliser et généraliser la place des crypto-monnaies dans le système financier.
Or, il s’agit d’instruments, dont le flux de revenus anticipés est soit nul (pour les crypto-monnaies), soit très incertain (pour les ICO). Ces caractéristiques fondamentales ne justifient pas leur inclusion, directe ou indirecte, dans les portefeuilles des particuliers. Elles n’ont pas vocation à s’insérer dans les portefeuilles à l’exception de ceux des investisseurs informés et dotés d’un appétit élevé pour le risque.
En effet, autoriser ou tolérer une exposition des intermédiaires financiers et des investisseurs institutionnels au risque des crypto-monnaies aurait trois conséquences graves :
- affaiblir la sécurité de l’épargne ;
- permettre un transfert de risque des investisseurs informés vers les particuliers. La détention de crypto-monnaies est aujourd’hui très concentrée entre les mains d’un nombre limité d’investisseurs. L’ouverture à l’épargne institutionnelle créerait une demande nouvelle, accroîtrait (au moins temporairement) la liquidité apparente des marchés et permettrait aux détenteurs actuels de céder, à un prix favorable, leurs avoirs aux nouveaux entrants qui supporteraient désormais le risque d’effondrement des cours ;
-créer un risque général pour la stabilité financière. Une fois reconnues et admises comme supports de placement, les crypto-monnaies serviraient aisément de base pour des montages avec effet de levier et transformation de maturité, créant potentiellement un risque systémique. Tout choc dans l’univers crypto affecterait immédiatement les bilans des intermédiaires financiers avec le risque d’une contagion et d’une amplification à l’ensemble du système." (p. 45)

 

iusNet DB 10.12.2018